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La pomme de terre pour décembre

jeudi 14 juin 2018, par Robert Vigneau

Depuis plus de trois décennies, je compose un calendrier de MES boissons ou nourritures pour présenter les vœux de saison aux francophones en mon cœur. Ces douze quatrains, un par mois, célèbrent des parentèles ou des événements privés, lointains, parfois même si personnels qu’ils ont pu sembler obscurs aux récipiendaires.
En contrition, voici quelques précisions ou détails, souvent d’ordre intime ou familial, susceptibles d’éclairer le contexte de ces confidences. Et puis, ça me fait plaisir de raconter ces bribes. Ici, il s’agit de mes pommes de terre, calendrier paru à la germination de 1997.

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décembre
 
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Mêlez pour mon dernier repas
 
Un œuf aux pommes de la terre,
 
De ces pommes dont ils n’ont pas
 
En paradis ni aux enfers.

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"… la forme du calendrier, qui dit à la fois le cycle et la linéarité, est particulièrement adaptée à la pomme de terre ; dans celui que Robert Vigneau lui consacre, la progression dans l’année s’accompagne d’une progression dans la vie. Si les premiers mois parlaient d’enfance, le mois de décembre, lui, évoque un jour à venir, le dernier. Il n’est dès lors pas étonnant que la pomme de terre matrice, doublée ici encore symboliquement d’un œuf, y rejoigne la pomme de terre-tombeau… (…)

Ni ambroisie ni potion du diable, mais régal terrien, la pomme de terre. Quand il anticipe ainsi sur le moment de lui dire adieu – à moins que ce ne soit plus simplement sur le moment d’y retourner, sans passage par le ciel, le poète affirme donc par ce dernier repas son appartenance à la terre. Et qui sait ? Peut-être que le viatique œuf-pomme de terre qu’il se choisit relancera pour lui le cycle du temps d’ici-bas. (…)"

( Extraits de l’article d’Astrid Bouygues, paru dans « Po(è)mes de terre » du N° 45 de Papilles, revue de l’Association des Bibliothèques gourmandes, Dijon.